L’Actuariel n° 58 bientôt dans les bacs et les boites-aux lettres
Généralement je partage plutôt la couverture (en plus elle est magnifique !) mais les événements du jour (sic) m’ont fait pencher pour le partage de l’édito, sorte d’appel à la responsabilité collective et individuelle…
Au sommaire de ce numéro de L’Actuariel
Les trois principaux dossiers portent sur :
– un état des lieux passionnant sur le mouvement de dérégulation bancaire : où placer le curseur ?
– l’angoissante maîtrise du cloud : un pavé nécessaire sur le chemin de la liberté
– la place du Private Equity chez les assureurs : valse ou tango ?
Des rencontres avec :
– Tao Wang, spécialiste environnement à la Banque Mondiale
– Simon Le Dily et le nouveau bureau de l’Institut des actuaires
Et une tribune passionnante de Régis de Laroullière à l’occasion des 80 ans de la Sécurité Sociale.
L’édito est retranscrit ci-après.
Édito
Liberté, liberté chérie
Situation inattendue que de voir, en 2025, la figure de Pierre Mendès France revenir sur le devant de la scène médiatique et politique française. Dans une Assemblée Nationale dépourvue, comme aujourd’hui, d’une majorité évidente, il obtint en 1954 l’investiture la plus massive de la Quatrième République, probablement grâce aux qualités de droiture, de rigueur et de dévouement au bien public qui luis sont reconnues. À son décès en 1982, Raymond Aron analyse, avec la clairvoyance qui le caractérise, l’empreinte politique de l’ancien résistant :
le mythe Mendès (…) est celui d’un homme d’État dont les vertus le destinent à bien gouverner mais lui laissent peu de chances de diriger le gouvernement.
De fait, son gouvernement ne dura pas huit mois.
Ce numéro de L’Actuariel n’ignore pas les problématiques actuelles que rencontrent la France et l’Europe, autour de la préservation de leur liberté, du modèle de démocratie libérale. Si les sujets de puissance et de souveraineté qui sous-tendent la liberté et l’indépendance d’un pays ne sont jamais totalement résolus, les événements internationaux nous obligent à les aborder brutalement.
Le dossier en couverture est à ce titre édifiant. Dans la guerre du cloud, l’absence de politique publique ambitieuse ou d’environnement favorable au développement de géants européens du secteur conduit, au-delà des enjeux économiques, à une perte de souveraineté sur un sujet stratégique et à un retard considérable à combler.
La problématique est également au cœur du dossier portant sur la dérégulation bancaire. Si les accords de Bâle avaient initié le mouvement d’une harmonisation des règles prudentielles, celles-ci ont été fortement renforcées, notamment au sortir de la crise financière des subprimes. Avec succès sur le plan strictement prudentiel : peu de faillite. Mais au coût d’un renchérissement du financement des entreprises qui affecte l’activité économique, l’emploi et la compétitivité européenne. Où placer le curseur ? Délicate question à laquelle le dossier apporte des éléments d’appréciation.
Cette situation préoccupante – sans même avoir évoqué les sujets environnementaux – n’est pas irrémédiable, à la condition de se rappeler les mots de Périclès devant les athéniens :
il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.